Un obispo para el siglo XXI: el nuevo arzobispo de Paris.
Excelente entrevista (en francés)
Da gusto leer cosas tan sensatas en un arzobispo, de Paris nada
menos, donde se aprecia cómo vivir la fe en el siglo XXI. Incluso cuando alguna
opinión me chirria, no puedo pasarla por alto. Obliga a pensar y a cuestionarse.
¿Qué más se puede pedir?
P. D. Acabo de ver en la edición digital de "Le Monde" que la foto del arzobispo que, mi birria de blog, unido a mi incompetencia informática no reproduce, está en su portada. ¿Han visto Uds., algo similar en la prensa española?
JE
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P. D. Acabo de ver en la edición digital de "Le Monde" que la foto del arzobispo que, mi birria de blog, unido a mi incompetencia informática no reproduce, está en su portada. ¿Han visto Uds., algo similar en la prensa española?
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Mgr
Aupetit, archevêque de Paris : « Aujourd’hui le tabou n’est plus le
sexe, mais Dieu »
Ancien médecin, Monseigneur
Michel Aupetit a succédé le 6 janvier à André Vingt-Trois comme archevêque
de Paris.
LE
MONDE | 11.01.2018 à 06h33 • Mis à jour le 11.01.2018 à
08h18 |Propos recueillis par Cécile Chambraud
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Ecolier, il détestait passer au
tableau et préférait de loin faire rire ses camarades. Nommé archevêque de
Paris par le pape François le 7 décembre 2017 et installé dans cette
fonction le 6 janvier, Mgr Michel Aupetit est de ce fait devenu le point de
mire de nombreux catholiques. Si en théorie l’évêque de Paris est un évêque
parmi les autres, il occupe en pratique une place éminente dans l’Eglise
catholique.
A 66 ans, lui qui « n’aime
pas trop être exposé » sera désormais l’une des voix les plus
écoutées de cette institution. Cet ancien médecin, entré au séminaire à
39 ans et devenu évêque de Nanterre en 2014, succède à MgrAndré Vingt-Trois.
Vous avez exercé pendant onze ans
comme médecin généraliste avant d’entrer au séminaire. En quoi cette vie de
laïc influence-t-elle votre approche de prêtre ?
Laïc, j’étais ce
que l’on appelle dans l’Eglise un « consommateur ». Je rentrais chez
moi à 22 heures le soir et j’étais donc assez peu investi dans la vie de l’Eglise.
C’est mon péché ! Quant au reste, la médecine m’a appris à aimer les gens
indépendamment de ce qu’ils sont. Quand vous êtes médecin, vous soignez des
gentils et des pas gentils, toutes sortes de gens.
Cela vous ouvre à tous, et
l’Eglise est ouverte à tous. On ne demande pas leurs papiers ou leur certificat
de baptême aux personnes qui entrent. L’hiver, les SDF viennent se réchauffer,
on les laisse tranquilles. D’autres viennent simplement pour avoir un temps de
repos et de silence. Il n’y a pas beaucoup de lieux comme ça où on peut se
poser, gratuitement, paisiblement. Et la médecine m’avait déjà appris ça :
accueillir de manière inconditionnelle les personnes qui frappent à votre
porte.
Vous avez grandi dans une famille
où la pratique religieuse n’était pas la règle. Cela vous donne-t-il une vision
particulière de la transmission religieuse ?
C’est assez
étonnant, car cela ne m’a jamais vraiment troublé. Ma maman était une femme de
foi, elle allait à la messe assez souvent, pas forcément avec moi. Mais je sais
qu’elle avait profondément la foi et je voyais l’influence que ça pouvait avoir
dans sa vie. Alors que, du côté « mâle », on était plutôt incroyant.
Mes amis non plus ne pratiquaient pas. Donc j’ai longtemps vécu ma foi de
manière isolée.
La transmission, je pense qu’elle
s’est faite par la prière. Car dans la prière, on apprend à parler à Dieu. On
entretient une relation. Alors que dans une relation de catéchisme, on apprend
à parler « de » Dieu, c’est intellectuel. La seule chose que ma mère m’a
apprise, c’est le Notre Père et le Je vous salue Marie.
A partir de ces deux prières, j’ai appris à parler à Dieu. Mais en
secret : personne n’en savait rien.
Quand j’ai quitté mon cabinet de
médecin, j’ai dit pourquoi à mes patients. Plusieurs m’ont alors confié qu’ils
priaient matin et soir depuis trente ans sans même que leur femme le
sache ! Je me suis rendu compte que beaucoup de gens ont une vie
spirituelle, mais ne le montrent pas. Il y a spontanément chez l’être humain
cette propension à entrer en relation avec une transcendance.
L’accueil des migrants est un
sujet qui mobilise ou qui trouble les croyants. Que leur dites-vous à ce
sujet ?
C’est un sujet
difficile. A Nanterre, j’ai relayé dès le lendemain l’appel du pape
François [afin que les paroisses accueillent des réfugiés,
en septembre 2015]. J’ai été étonné des réponses positives
immédiates. Des gens ont mis à disposition un appartement, d’autres ont
accueilli quelqu’un dans leur pavillon, des écoles catholiques ont ouvert leur
porte avec la cantine gratuite, des professeurs de français se sont mis à
disposition. Ces gens étaient en danger de mort.
Il y a peut-être une différence
dans l’accueil de gens qui sont dans une situation de détresse absolue, pour
qui on ouvre toutes les portes, et ceux qui viennent pour des raisons
économiques. Là, ça passe effectivement moins bien au niveau des fidèles. Notre
réflexion se base sur deux principes. Le premier, évangélique, c’est l’accueil
inconditionnel des personnes. Le second, c’est le principe du bien
commun : comment faire pour que chacun puisse trouver sa place, mais en
pensant à tous les autres ? C’est à l’articulation des deux principes que
se situe la crête, qui n’est pas facile à trouver. C’est pour cela qu’il peut y
avoir des conflits.
Une partie des catholiques
craignent la venue de migrants en trop grand nombre. Les évêques doivent-ils
parler plus clairement ?
Il y a une crainte
de l’insécurité culturelle. Lorsque j’étais médecin à Colombes [Hauts-de-Seine],
au départ, dans les cités, les gens vivaient très bien ensemble. On ne
regardait pas qui était musulman ou chrétien. On se rendait des services entre
personnes. Aujourd’hui, c’est ghettoïsé. Les mairies tentent de favoriser la
mixité sociale, mais on est quand même très engagé vers le communautarisme.
Un imam m’a dit : « On
n’a plus de contrôle sur nos jeunes, ce n’est plus nous qui les formons à la
religion. Ils vont se former ailleurs. » Ailleurs, c’est sur
Internet. Il y a là une vraie question à prendre à bras-le-corps. Nous avons des
religieux et des religieuses dans les cités. Peu nombreux, mais reconnus comme
tels. Ils essaient de faire du lien entre les personnes. Mais c’est vrai qu’il
y a des zones de non-droit absolu, avec des choses terribles, où la police ne
peut pas intervenir.
Les catholiques sont-ils
désormais une minorité religieuse en France ?
Beaucoup de gens se
disent catholiques même s’ils ne fréquentent pas l’Eglise. Qu’est-ce qu’un
catholique ? Quelqu’un qui pratique ? Ou qui se reconnaît dans cette
religion, car il est né dans cette culture, qu’il fait siennes les valeurs
évangéliques, alors que son rapport à Dieu ou à l’Eglise est plus que
ténu ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Moi, je n’en sais rien, je
laisse cela à Dieu. Si on ne compte que ceux qui pratiquent, les catholiques
sont incontestablement une minorité. Beaucoup sont investis sur des questions
de solidarité, pas forcément avec l’étiquette « catholique », mais
ils le sont quand même au nom de leur foi.
Comment s’adresser à ces
« catholiques culturels » ?
S’ils se disent
catholiques, c’est qu’il y a quelque chose, et il faut respecter ce quelque
chose. Ils espèrent. Il ne faut pas éteindre la mèche qui brûle encore un peu.
Comment essayons-nous de répondre à cette soif ? Parfois, à la fin de la
messe, des gens venaient me voir pendant plus d’une heure pour me demander une
bénédiction car l’un de leurs proches était malade ou leur conjoint les avait
quittés… Pour répondre à cette souffrance, j’ai organisé à la cathédrale de
Nanterre une grande prière de guérison et de délivrance. C’était plein !
Il y avait tous les milieux sociaux. Sommes-nous à l’écoute des attentes des
gens, de leurs souffrances ? Plutôt que de leur proposer un produit fini,
il faut être à l’écoute de leur soif, qui est aussi spirituelle.
La « guerre des
laïcités » traduit-elle selon vous un rejet du religieux en général ou une
méfiance envers l’islam ?
Mes deux
grands-pères étaient anticléricaux jusqu’au bout des ongles, je connais donc un
peu le système. Deux formes de laïcité sont aujourd’hui défendues. Celle de
Jean-Louis Bianco [président de l’Observatoire de la laïcité] et
d’Emmanuel Macron, qui doit permettre à chacun de pratiquer sa religion.
L’autre, c’est celle d’une religion assignée à la sphère privée, qui ne doit
apparaître nulle part.
La société française est divisée.
La question de l’islam fait peur, à cause des attentats et de certains discours
qui affirment que la France va devenir une terre d’islam – on retrouve la
question de l’insécurité culturelle. Mais nous avons vécu dans le passé
d’autres insécurités culturelles ! Sainte Geneviève, patronne de Paris,
vivait à l’époque d’Attila et de Childéric, roi des Francs. Les Germains et les
Francs qui arrivaient n’étaient pas du tout dans la culture gallo-romaine ni
dans la culture chrétienne. C’était une transition colossale. L’Eglise, alors,
a privilégié la culture évangélique, quitte à sacrifier la culture romaine.
Cette période, bien pire que la nôtre, a aussi fait ce que nous sommes.
Comment l’Eglise catholique
abordera-t-elle les Etats généraux de la bioéthique, qui s’ouvrent le 18
janvier ?
Notre contribution
doit toucher les intelligences et les cœurs. Ce qui se joue, c’est la question
d’une société humaine. Le progrès technique, c’est très bien, mais c’est
l’éthique qui nous dit ce qui est juste dans l’utilisation de ce progrès
technique. Les questions les plus importantes porteront sur l’intelligence
artificielle et la robotisation. Qu’est-ce qui distingue une intelligence
artificielle d’une intelligence humaine ? Qu’est-ce qui fait que nous sommes
humains ? C’est là-dessus que doit porter la réflexion. Ce qui distingue
l’humain, c’est la capacité à intégrer la fragilité. C’est que nous sommes
solidaires des plus faibles. Le code d’Hammourabi, la première loi écrite que
nous connaissions [datant du XVIIIe siècle av. J.-C], l’a été « pour que le
fort n’opprime pas le faible ». Cela veut dire : sortir de la loi de la
jungle, tout simplement. C’est là où s’introduit l’humanité.
Un sondage publié par « La Croix
» le 3 janvier montre l’acceptation croissante de la procréation médicalement
assistée (PMA), de la gestation pour autrui (GPA) ou encore du suicide assisté,
y compris par les catholiques. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Ce n’est pas parce
qu’une majorité pense quelque chose que cette chose est juste. « Tu ne
suivras pas une majorité qui veut le mal », est-il écrit dans le livre de
l’Exode. Ce sondage est un constat, il n’est pas rassurant. Le pape parle d’une
civilisation du déchet. C’est vrai. On peut même parler de la société des
encombrants ! Ceux qui nous encombrent, on les jette. Des amis belges m’ont dit
que leurs parents avaient intégré le fait que, s’ils n’allaient pas bien, ils
devaient disparaître. Ils trouvent normal qu’on les euthanasie. C’est quand
même effrayant ! On élimine les personnes handicapées avant qu’elles naissent.
Qu’est-ce que cela veut dire ? J’ai soigné des personnes handicapées pendant
onze ans. Elles m’ont bien plus appris que tous mes autres patients. Qu’au-delà
des apparences, il y a une humanité formidable. Avec eux, on ne peut ni tricher
ni porter un masque. La mentalité change, effectivement, mais il y a un
véritable enjeu. Il faut se poser, avoir une réflexion de fond sur tous ces
sujets.
Le gouvernement veut étoffer
l’enseignement du fait religieux à l’école. Quel rôle pouvez-vous avoir ?
Il est dans le rôle
de l’Etat de contrôler ce que nous pouvons faire, et notamment s’il fait appel
à des religieux. Il y a le fait religieux sous l’angle historique. C’est
souvent par là que l’on passe. Mais je pense qu’il faudrait aller plus loin,
jusqu’à l’espace théologique. Dans le RER, des musulmans m’interrogent en tant
que prêtre. A la fin, ils me disent : « Merci d’avoir parlé
de Dieu. » Les musulmans qui mettent leurs enfants dans une école
catholique le font parce que, là, on peut « parler de Dieu ».
Il faut aller plus loin que le
fait historique. Qu’est-ce que la transcendance ? Pourquoi l’homme
prie ? Ne peut-on pas parler de Dieu ? C’est le tabou, Dieu,
aujourd’hui ! Ce n’est plus le sexe, c’est Dieu. On n’a pas le droit de
parler de Dieu, sinon on gêne.
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