viernes, 24 de mayo de 2019

La cultura europea. Magistral texto de Julia Kristeva (en francés)


Julia Kristeva : « La culture européenne peut être la voie cardinale pour conduire les nations à une Europe plus solide »
Julia Kristeva
Ecrivaine et psychanalyste
Dans une tribune au « Monde », l’écrivaine et psychanalyste estime que l’espace culturel européen, par son identité plurielle, son multilinguisme, sa culture du droit des femmes et de l’individu, pourrait être une réponse aux crispations identitaires, au déclinisme et à la crise environnementale.
Le Monde 24 /05/ 2019, daté 25/05/2019
Publié aujourd’hui à 01h08, mis à jour à 09h35   Temps de Lecture 9 min.
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Tribune. Citoyenne européenne, de nationalité française, d’origine bulgare et d’adoption américaine, je ne suis pas insensible aux amères critiques, mais j’entends aussi le désir de l’Europe et de sa culture. Déçus du politique et abstentionnistes réfractaires, les Italiens, les Grecs, les Polonais, et même les Français n’ont pas remis en cause leur appartenance à la culture européenne, ils se « sentent » européens. Que veut dire ce sentiment, si évident que la culture n’est même pas évoquée dans le traité de Rome ? Or la culture européenne peut être la voie cardinale pour conduire les nations à une Europe plus solide.
  • Quelle identité ?
A l’encontre d’un certain culte de l’identité, la culture européenne ne cesse de dévoiler ce paradoxe : il existe une identité, la mienne, la nôtre, mais elle est infiniment constructible et déconstructible. A la question « Qui suis-je ? », la meilleure réponse, européenne, n’est évidemment pas la certitude, mais l’amour du point d’interrogation. Après avoir succombé aux dogmes identitaires jusqu’aux crimes, un « nous » européen est en train d’émerger. Il est possible d’assumer le patrimoine européen, en le repensant comme un antidote aux crispations identitaires : les nôtres et celles de tous bords.
Cette attitude se trouve exprimée par la parole du Dieu juif : « Eyeh asher eyeh »(« Je suis celui qui est » Exode 3, 14), reprise par Jésus (Jean 18 : 5) : une identité sans définition, qui renvoie le « je » à un irreprésentable, éternel retour sur son être même. Je la perçois autrement, dans le dialogue silencieux du Moi pensant avec lui-même, selon Platon, toujours « deux en un » et dont la pensée ne fournit pas de réponse mais désagrège. Dans la philia politikè selon Aristote, qui annonce l’espace social et un projet politique, en en appelant à la mémoire singulière et à la biographie de chacun.
Dans le voyage, au sens de saint Augustin, pour lequel il n’y a qu’une seule patrie, celle précisément du voyage : In via, in patria. Dans les Essais de Montaigne, qui consacrent la polyphonie identitaire du Moi : « Nous sommes tous des lopins et d’une contexture si informe et diverse, que chaque pièce, chaque moment fait son jeu. » Dans le Cogito de Descartes, où je comprends que je suis seulement parce que je pense. Mais qu’est-ce que penser ? Elle me parle encore, cette attitude, dans la révolte de Faust d’après Goethe : « Je suis l’esprit qui toujours nie. » Dans « l’analyse sans fin » de Freud : « Là où c’était, je dois advenir. » Dans les extravagantes et délicates innovations des arts et de la littérature de la modernité…
Sans vouloir énumérer toutes les sources de cette identité questionnante, rappelons toutefois que l’interrogation permanente peut dériver en doute corrosif et en haine de soi : une autodestruction contre laquelle l’Europe est loin de s’être toujours prémunie. On réduit souvent cet héritage de l’identité à la question d’une permissive « tolérance » des autres. Mais la tolérance n’est que le degré zéro du questionnement, lequel ne se réduit pas au généreux accueil des autres, mais les invite à se mettre en question eux-mêmes : à porter la culture de l’interrogation et du dialogue dans des rencontres, qui problématisent tous les participants. Il n’y a pas de phobie dans le questionnement réciproque, mais une lucidité sans fin, seule condition du vivre-ensemble. L’identité ainsi comprise peut déboucher sur une identité plurielle : c’est le multilinguisme du nouveau citoyen européen.
  • La diversité des langues
« Diversité, c’est ma devise », disait déjà Jean de La Fontaine dans son Pâté d’anguille. L’Europe est désormais une entité politique qui parle autant de langues, sinon plus, qu’elle ne comporte de pays. Ce multilinguisme est le fond de la diversité culturelle. Il s’agit de le sauvegarder, de le respecter – et avec lui les caractères nationaux –, mais aussi d’approfondir les différences et les complémentarités, d’incarner enfin cette nouvelle polyphonie.
Après l’horreur de la Shoah, le bourgeois du XIXe siècle aussi bien que le révolté du XXe siècle affrontent aujourd’hui une autre ère. La diversité linguistique européenne est en train de créer des individus kaléidoscopiques capables de défier le bilinguisme du « globish ». L’espace plurilinguistique de l’Europe appelle plus que jamais les Français à devenir polyglottes, pour connaître la diversité du monde et pour porter à la connaissance de l’Europe et du monde ce qu’ils ont de spécifique. C’est en passant par la langue des autres qu’il sera possible d’éveiller une nouvelle passion pour chaque langue et nation.
  • Sortir de la dépression nationale
Face à un patient déprimé, le psychanalyste commence par rétablir la confiance en soi, à partir de laquelle il est possible d’établir une relation entre les deux protagonistes de la cure, afin que la parole redevienne féconde et qu’une véritable analyse critique du mal-être puisse avoir lieu.
De même, la nation déprimée requiert une image optimale d’elle-même, avant d’être capable d’efforts pour entreprendre, par exemple une intégration européenne, ou une expansion industrielle et commerciale, ou un meilleur accueil des immigrés. « Les nations, comme les hommes, meurent d’imperceptibles impolitesses », écrivait Giraudoux. Un universalisme mal compris et la culpabilité coloniale ont entraîné de nombreux acteurs politiques et idéologiques à commettre, sous couvert de cosmopolitisme, bien pis que d’« imperceptibles impolitesses » à l’égard de la nation. Ils contribuent à aggraver la dépression nationale, avant de la jeter dans l’exaltation maniaque, nationaliste et xénophobe.
Les nations européennes attendent l’Europe, et l’Europe a besoin de cultures nationales fières d’elles-mêmes et valorisées, pour réaliser dans le monde cette diversité culturelle dont nous avons donné le mandat à l’Unesco. Une diversité culturelle nationale est le seul antidote au mal de la banalité, cette nouvelle version de la banalité du mal. L’Europe consolidée, ainsi comprise, pourrait jouer alors un rôle important dans la recherche de nouveaux équilibres.
  • Deux conceptions de la liberté
La chute du mur de Berlin en 1989 a rendu plus nette la différence entre deux modèles : la culture européenne et la culture nord-américaine. Il s’agit de deux conceptions de la liberté. En identifiant la « liberté » avec « l’autocommencement », Kant ouvre la voie à une apologie de la subjectivité entreprenante – subordonnée à la liberté de la Raison (pure ou pratique) et à une Cause (divine ou morale). Dans cet ordre de pensée, que favorise le protestantisme, la liberté apparaît comme une liberté de s’adapter à la logique de la production, de la science, de l’économie. Etre libre serait être libre de tirer les meilleurs effets de l’enchaînement des causes et des effets pour s’adapter au marché de la production et du profit.
Il existe un autre modèle qui apparaît dans le monde grec, et se développe avec les présocratiques, et par l’intermédiaire du dialogue socratique. Sans être subordonnée à une cause, cette liberté fondamentale se déploie dans l’Etre de la parole qui se livre, se donne, se présente à soi-même, à l’autre, et, en ce sens, se libère. Cette libération de l’Etre de la parole par et dans la rencontre entre l’Un et l’Autre s’inscrit en questionnement infini, avant que la liberté ne se fixe dans l’enchaînement des causes et des effets, et dans leur maîtrise scientifique. La poésie, le désir, la révolte en sont les expériences privilégiées, révélant la singularité incommensurable et pourtant partageable de chaque femme, de chaque homme.
On décèle les risques de ce second modèle fondé sur l’attitude questionnante : ignorer la réalité économique ; s’enfermer dans des revendications corporatistes ; se borner à la tolérance et avoir peur des nouveaux acteurs politiques et sociaux ; abandonner la compétition mondiale et se retirer dans la paresse et l’archaïsme. Mais on voit aussi les avantages dont sont porteuses les cultures européennes, qui ne culminent pas en un schéma, mais dans le goût de la vie humaine, dans sa singularité fragile et partageable.
Dans ce contexte, l’Europe est loin d’être homogène et unie. D’abord il est impératif que la « Vieille Europe », et la France en particulier, considèrent l’ampleur des difficultés économiques et existentielles de l’Europe post-totalitaire, qui peine à dépasser le ressentiment et le nationalisme. Mais il est nécessaire aussi de reconnaître les différences culturelles, et tout particulièrement religieuses, qui déchirent les pays européens à l’intérieur d’eux-mêmes et les séparent.
  • Besoin de croire, désir de savoir
Parmi les multiples causes qui conduisent aux malaises actuels, il en est une que les politiques passent souvent sous silence : il s’agit du déni qui pèse sur ce que j’appellerai un « besoin de croire » préreligieux et prépolitique universel, inhérent aux êtres parlant que nous sommes et qui s’exprime comme une « maladie d’idéalité » spécifique à l’adolescent.
Contrairement à l’enfant curieux et joueur, en quête de plaisir et qui cherche d’« où il vient », l’adolescent est moins un chercheur qu’un croyant : il a besoin de croire à des idéaux pour dépasser ses parents, s’en séparer et se dépasser lui-même. Mais la déception conduit ce malade d’idéalité à la destruction et à l’autodestruction, par-dessous ou à travers l’exaltation : toxicomanie, anorexie, vandalisme, d’un côté, et ruée vers les dogmes extrémistes de l’islam politique, de l’autre. Idéalisme et nihilisme : l’ivresse de n’avoir aucune valeur et le martyre de l’absolu paradisiaque se côtoient dans cette maladie d’« idéalité » qui secoue la jeunesse, et avec elle, le monde.
L’Europe se trouve devant un défi historique. Est-elle capable d’affronter cette crise de la croyance que le couvercle de la religion ne retient plus ? Le terrible chaos lié à la destruction de la capacité de penser et de s’associer, que le tandem nihilisme-fanatisme installe dans diverses parties du monde, touche au fondement même du lien entre les humains. C’est la conception de l’humain forgée au carrefour grec-juif-chrétien avec sa greffe musulmane, cette inquiétude d’universalité singulière et partageable, qui semble menacée. L’angoisse qui fige l’Europe en ces temps décisifs exprime l’incertitude devant cet enjeu.
Au carrefour du christianisme, du judaïsme et de l’islam, l’Europe est appelée à établir des passerelles entre les trois monothéismes. Plus encore, constituée depuis deux siècles comme la pointe avancée de la sécularisation, l’Europe est le lieu par excellence qui pourrait et devrait élucider le besoin de croire. Mais les Lumières, dans leur précipitation à combattre l’obscurantisme, en ont négligé et sous-estimé la puissance.
  • Une culture des droits des femmes
Depuis les suffragettes, en passant par Marie Curie, Rosa LuxemburgSimone Weil et Simone de Beauvoir, l’émancipation des femmes par la créativité et par la lutte pour les droits politiques, économiques et sociaux, qui se poursuit aujourd’hui, offre un terrain fédérateur aux diversités nationales, religieuses et politiques des citoyennes européennes défiant l’obscurantisme des traditions et des religions fondamentalistes.
Ce trait distinctif de la culture européenne est aussi une inspiration et un soutien aux femmes du monde entier, dans leur aspiration à la culture et à l’émancipation, non seulement comme choix, mais comme dépassement de soi (« Nous sommes libres de transcender toutes transcendances », annonce Simone de Beauvoir) qui anime les combats féministes sur notre continent.
Face au verrouillage du politique par la finance et l’hyperconnexion, et contre la déclinologie ambiante et l’autodestruction écologique, l’espace culturel européen pourrait être une réponse audacieuse. Peut-être la seule qui prend au sérieux la complexité de la condition humaine dans son ensemble, les leçons de sa mémoire et les risques de ses libertés.
Julia Kristeva est écrivaine. Née en Bulgarie, elle arrive en France en 1966, où elle se lie au groupe Tel Quel et suit les cours de Roland Barthes. Théoricienne de la littérature, linguiste, sémiologue, psychanalyste et romancière, au fil du temps, elle s’est imposée comme une figure intellectuelle de premier plan, tant en France qu’à l’étranger, où elle enseigne régulièrement. Première lauréate en 2004 du prix Holberg – l’équivalent du Nobel pour les sciences humaines –, elle a également reçu le prix Hannah Arendt (2006) et le prix Vaclav Havel (2008). Son œuvre compte près d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels des essais tels : La Révolution du langage poétique (Seuil, 1985), Soleil noir (Gallimard, 1987), Le Temps sensible - Proust et l’expérience littéraire (Gallimard, 1994) ; Le Génie féminin : Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette (Fayard, 1999, 2000 et 2002), Je me voyage, mémoires (Fayard, 2016) ; ainsi que des romans dont Les Samouraïs (Fayard, 1990), Meurtre à Byzance (Fayard, 2004) ou encore L’Horloge enchantée (Fayard, 2015).
Julia Kristeva (Ecrivaine et psychanalyste)


martes, 21 de mayo de 2019

El futuro de Europa depende de los valores que prioricemos






El futuro de Europa depende de los valores que prioricemos


1.    ¿De qué hablamos cuando hablamos de populismos?

El populismo está en boca de todos. Para bien o para mal. Algunos los detestan. Otros, aunque el término no acaba de gustarles, aplauden sus pretensiones. El populismo tiene varios componentes. En estas líneas reflexiono, solamente, sobre la oposición de los populismos a lo que denominan las élites, que solamente buscarían su propio provecho, frente al pueblo, bueno por naturaleza, sojuzgado por ellas.Es difícil llegar a un acuerdo a la hora de definir y delimitar el término populismo o la política populista, como no se llegó en su día a definir el termino terrorismo en el espacio internacional, me permito recordar. Aunque, generalmente, el termino populismo, o mejor, los populismos, se asocian a la extrema derecha, los populismos, con sus variadas características, no se limitan a formaciones en la extrema derecha. Son partidos o movimientos, que rechazan los partidos tradicionales, incensan al pueblo, rechazan a las élites, demonizan a sus enemigos, muchos fustigan a Europa y exaltan la nación- estado, rechazan o son muy renuentes con los inmigrantes, denuncian la amenaza "islamista", avanzan propuestas simplistas, jugando a la demagogia, con líderes carismáticos con estilos políticos directos y modos de comunicación muy llamativos. No prosperan solamente en los países en recesión, sujetos a la austeridad, marcados por una alta tasa de desempleo, la generalización de la precariedad y la ampliación de las desigualdades. Así, están fuertemente implantados en Alemania, Austria, Suecia, Holanda, Finlandia…No existen solamente en los países de la Unión Europea, pues tienen fuerte presencia en países prósperos como Suiza, Noruega y en otros lugares ricos del mundo, como EE. UU. Los populismos no pueden interpretarse únicamente como una amenaza para la democracia liberal y representativa, o, por el contrario, tampoco únicamente como portadores de la esperanza de una profunda renovación de la democracia. 

Hay populistas de derechas y de izquierdas que ni siquiera reniegan del término populistas y tienen a galo ser etiquetados de tales. Traigo aquí, a título de ejemplo, cómo definió el populismo, el reconocido economista de izquierdas Thomas Piketty en un artículo que tituló “Viva el populismo”: "El populismo no es otra cosa que una respuesta confusa pero legítima al sentimiento de abandono de las clases trabajadoras de los países desarrollados ante las crecientes desigualdades. Es necesario apoyarse en los elementos populistas más internacionalistas, y por lo tanto en la izquierda radical, encarnados aquí y allá por Podemos, Syriza, Sanders o Mélenchon, independientemente de sus límites, para construir respuestas precisas a estos desafíos, pues, de lo contrario el repliegue nacionalista y xenófobo acabara por llevarse todo por delante” (“Le Monde” 14/06/2017). Mas cerca de nosotros recuerdo también que Abascal, refiriéndose a Casado y el PP, afirmó: "sois el pasado y la rabieta, nosotros el futuro y la esperanza" (En un tuit el 30/04/19)

 




 
2.    “Pueblocracia”: el pueblo contra las élites. Comentado un libro italiano.
 

De hecho, estamos viviendo el considerable fenómeno de la anti - política que inunda la sociedad europea, fenómeno que comporta dos grandes dimensiones, una de rechazo de toda política, la otra de aspiración a otra democracia. Los populismos se encuentran en la encrucijada de estas dos tendencias, y determinan la evolución del orden democrático con su irresistible dinamismo conquistador. La actual democracia representativa está cambiando debido a la aceleración de la globalización, los efectos de la integración europea, la reducción del margen de maniobra de los gobiernos frente al capitalismo financiero, el auge del poder tecnocrático y el desarrollo de las actuales redes sociales. Todos estos elementos contribuyen, entre otros, al surgimiento de los populismos a menudo asociados con los nacionalismos de Estado y la xenofobia, y tal vez abran una nueva era, que dos autores italianos, Ilvo Diamanti, Marc Lazar proponen denominar "pueblocracia ". Publicaron en 2018, en Italia, el libroPopolocrazia: La metamorfosi delle nostre democrazie”, con un éxito desbordante, tanto que ya se editó, en Francia en 2019 con similar título “Peuplecracie…” que yo traduzco, obviamente, por “Pueblocracia”. Dudo mucho que el libro se edite en España pues, en gran parte, estudia la diferente evolución de las democracias en Francia e Italia, aunque bajo el paraguas de lo que denominan “Pueblocracia”, entienden que cabe trasladar a gran parte de Europa. Parafraseo en este texto algunas de sus ideas centrales.

Los populistas se refieren al pueblo soberano al que idolatran y santifican. Además, “el pueblo unido jamás será vencido”. Al mismo tiempo, atacan a los representantes políticos y las formas institucionales que, mediante los partidos políticos y los parlamentos libremente elegidos, representan, precisamente, la soberanía popular. Pero “el pueblo es valorado sistemáticamente como una entidad homogénea, portadora de la verdad y se le considera como fundamentalmente bueno, especialmente en oposición a las elites, también supuestamente homogéneas, siempre denigradas, descalificadas, detestadas, odiadas. Este antagonismo, el pueblo virtuoso contra sus representantes corruptos, tiene un efecto explosivo (….) amplificado por la caja de resonancia de los medios de comunicación, principalmente la televisión, Internet y las redes sociales. Esto da un nuevo vigor y una nueva dimensión a la vieja idea de democracia directa. Más aún cuando los partidos políticos, que funcionaron como mediadores entre la sociedad y el gobierno, son extremadamente débiles y muy a menudo rechazados, mientras que las culturas políticas que han forjado se encuentran en un estado avanzado de delicuescencia”.

Las nuevas tecnologías están triunfando porque permiten a sus usuarios intervenir permanentemente en la vida pública, de forma anónima erigirse en expertos intocables en todos los temas, incluidos los más complejos, criticar a los políticos, burlarse de ellos. O denigrarlos. Como resultado, desempeñan un papel decisivo en la reactivación del mito de la "democracia verdadera" modelada por "el pueblo verdadero”. Y eso, a una velocidad vertiginosa que la política tradicional tiene enormes dificultades para integrar, para subsistir, incluso para adaptarse a los nuevos tiempos de la cultura de la imagen, del anonimato, de los tuits, de los emoticones, de la entronización del fútbol y del fin de semana, de los viajes low cost, etc., etc. Es el reto político de la democracia del presente.

En fin, espero de la inteligencia y honestidad del lector que no me haga decir lo que no he dicho, ni defiendo: que la solución está en el gobierno de las élites, que ya han probado que, sin control, se corrompen. La gobernanza es cosa mucho más complicada. El papel y las teclas del ordenador lo aguantan todo. La realidad no. Y, si el 26 de mayo ganan los populismos en Europa temo por el futuro de Europa y, con él, el de toda España.

3.    Ceguera y suicidio de Europa

Estamos acostumbrados a ver un mapamundi en el que el centro se sitúa en el Océano Atlántico con Europa, justo a su derecha, y los EE. UU a la izquierda. Lo acabo de comprobar en las imágenes de Google Maps, tras teclear “mapamundi”. Totalmente a la derecha del mapa aparece China, Vietnam, Corea, Japón etc., y el extremo oriental de Rusia. Por eso, en nuestro lenguaje habitual hablamos de Oriente Medio para referirnos a Turquía, Egipto, Irán, Irak, Israel, Jordania, Siria, etc., y de Extremo Oriente al este de Asia. Este mapamundi es un enorme engaño. En la actualidad, el centro del mundo se sitúa en el Océano Pacifico con EE. UU en el este, China en el oeste, quedando Europa en los bordes del mapa y España, ahora sí, el Finis Terrae del mundo. Y Euskadi está, en su mayor parte, en España y España en Europa.

Hemos perdido el norte y vamos al suicidio colectivo, pues no queremos ver “el mundo que nos viene” (título de un buen libro de Josep Piqué, de 2018, mirando al futuro), al estar guiados por lo emocional e irracional y hemos aparcado la deliberación racional, con datos y reflexiones. Las elecciones de europeas del final de mayo (el día 26 en España) serán una prueba: o nos conducen a un alivio (otro alivio como el de la noche del 28 de abril) o damos un paso más en la desaparición de Europa como entidad social, económica y política para convertirnos en un geriátrico que alberga, eso sí, uno de los mejores museos culturales del planeta. En realidad, toda Europa, será un gran museo, comenzando por los autóctonos europeos quienes seremos atendidos por los que crucen el “charco” buscando trabajo, pues hablan nuestro idioma y por los “barbaros” del sur del Rio Grande que nos separa de África, el mar Mediterráneo, cuya población se multiplicará por tres. Pero será un primer momento. Pues con su dinamismo, juventud y ganas de prosperar, pronto adquirirán las riendas de la nueva Europa y los autóctonos pasarán a convertirse en la reserva india de la vieja Europa.

Pues bien, en la opulenta Europa de nuestros días, los partidos populistas, aunque muy diferentes entre sí, cosechan éxitos electorales como la “Agrupación Nacional” (antes Frente nacional) de Le Pen y la “Francia Insumisa”, el Partido de la Libertad en Austria, Syriza en Grecia, Podemos y VOX en España, EHBildu en Euskadi”, Alternativa para Alemania (AfD), el Partido de la Independencia del Reino Unido (UKIP), el Partido de la Libertad en los Países Bajos, los Demócratas de Suecia, la Unión Cívica Fidesz-Húngara, “Ley y Justicia” en Polonia, los “Verdaderos Finlandeses en Finlandia etc., etc. Algunos, incluso llegan al poder: en Italia, Hungría, Polonia, República Checa, Eslovaquia, Bélgica, Austria etc.

La política europea se está llenando de líderes populistas: Beppe Grillo, Marine Le Pen, Jean-Luc Melenchón, Heinz-Christian Strache, Alexis Tsipras, Pablo Iglesias, Santiago Abascal, Arnaldo Otegi, Frauke Petry, Nigel Farage, Geert Wilders y Jimmie Akesson, Viktor Orbán, Jarosław Kaczyński2, Matteo Salvini y Viktor Orbán…. Y los escasos líderes pro-europeos perdiendo fuelle. Macrón que sueña con una soberanía europea está bajo mínimos, y no solamente por los chalecos amarillos, mientras que Merkel ha perdido la cancillería al ser el único líder (lideresa, sí) que salvó el honor de una Europa, sin vergüenza, incapaz de acoger a un puñado de inmigrantes en sus países.

Si incluyo entre los partidos populistas a Podemos y EH Bildu, incluso al Podemos y al EH Bildu de ahora, es porque no se cansan de incensar al pueblo y denigrar a las élites. Pero, ¿dónde están las élites? ¿En qué, en quienes pensamos cuando nos referimos a las élites? Las “élites” y el “pueblo” no conforman dos categorías sociológicamente homogéneas, ni necesariamente contrapuestas. Este planteamiento es brocha gorda, es un planteamiento demagógico que no aclara nada y obscurece todo. Además, impide pensar con rigor. La realidad es más compleja.

4.    Recordando con Rob Riemen y Albert Camus, el valor de los valores

Recuerdo aquí el pronóstico del eterno retorno del fascismo que con tanta clarividencia nos mostrara Rob Riemen (“Para combatir esta era. Consideraciones urgentes sobre fascismo y humanismo”, en su edición castellana. Taurus 2018) en un alegato no escuchado, quiero creer que por ignorancia, vagancia intelectual, cortoplacismo y comodidad para seguir hablando de lo intrascendente y de lo políticamente correcto.
Riemen sostiene que, en una sociedad donde domina el hombre-masa (se sirve del texto de Ortega 'La rebelión de las masas'), la cultura dominante no puede ser otra que la cultura que denomina del 'kitsch'. Se caracteriza porque los valores nobles, los valores espirituales, son abandonados en detrimento de la satisfacción inmediata de las apetencias materiales. La cultura del 'kitsch' se inscribe en el valor supremo del yo, de la satisfacción inmediata, de la pulsión del instante. Por su parte, la política se convierte en una suerte de 'kermesse' (¿quién ha ganado el debate de ayer?) en donde de lo que se trata es de atraer votos. El 'kitsch', concluirá Riemen «es comparable a los cosméticos. El maquillaje busca seducir, pero también disimular. El 'kitsch' sirve para esconder un inmenso vacío espiritual». El hombre-masa, pese a su engreimiento, es consciente de su vacío interior y vive en el culto al resentimiento. ¿Es que es posible no verlo si se consultan los comentarios anónimos del mundo digital?
Así nace el fascismo. El error (el ¡uf! de alivio de muchos la noche del 28 de abril) estaría en comparar el actual fascismo con el fascismo final del mundo nazi, mussoliniano, estalinista, maoísta o franquista, cuando habríamos de compararlo con el de sus inicios. El fascismo de Vox está en sus inicios y ya ha arrastrado a parte del PP y de Ciudadanos. Y, lo que es más grave, tiene detrás a más de dos millones de ciudadanos. Hoy, como siempre, escribirá Riemen, «el fascismo es la consecuencia de la actitud de los partidos políticos que han renunciado a sus ideales, de intelectuales que cultivan el nihilismo acomodaticio (no hay jerarquía de valores), de universidades que no merecen tal nombre, de la codicia del mundo de los negocios, de los medios de comunicación que se emplean al embrutecimiento del público en lugar de buscar el desarrollo de su espíritu crítico».

Conviene recordar la pregunta de Albert Camus al finalizar la segunda guerra mundial, en una reunión con Sartre, Koestler y Malraux, en casa de este último “¿No creen que todos somos responsables de esta falta de valores? ¿Y si confesásemos públicamente que nos hemos equivocado, que existen valores morales, y que en lo sucesivo haremos lo necesario para fundarlos e ilustrarlos?”. Creo que su pregunta sigue siendo válida en nuestros días. La cuestión de los valores que prioricemos es crucial.

Es lo que, ante la trascendental elección europea del 26 de mayo, nos recuerda “Barandiaran Kristau Alkartea”, federación vasca de la organización internacional Pax Romana- Movimiento Internacional de Intelectuales Católicos, en base al texto de la Plataforma Pastoral Europea "Al servicio de Europa", luego en base a un texto europeo. Manifiestan los intelectuales católicos su preocupación por la aparición y el fortalecimiento en Europa de las corrientes xenófobas, así como por el debilitamiento de las solidaridades, particularmente con la "crisis migratoria".

Defienden una Europa de la fraternidad y esperan que la elección de nuestros representantes en el Parlamento Europeo reactive el proyecto europeo, colocando a la persona en su centro y no tratándola solamente como consumidora o beneficiaria de sus políticas. Por lo que llaman “a la ciudadanía a que vote con lucidez y coraje a favor de un proyecto europeo que se construya en base a los siguientes valores”, que resumo así:

Una Europa de la paz, una Europa de la libertad, una Europa que une a las personas en la diversidad, una Europa acogedora, inclusiva y social, una Europa moderna, proactiva, emprendedora e innovadora, una Europa decididamente ecológica, una Europa orientada hacia el futuro. Concluyen su manifiesto con estas palabras: “Esta es la Europa que queremos y necesitamos, y nos corresponde a nosotros, apoyarla y hacerla posible mediante nuestro voto”. Pueden contar con el mío. Y, ¿el suyo?

Donostia San Sebastián 21 de mayo de 2019
Javier Elzo