Tras los
funerales del cura degollado, “muerte, ¿dónde está tu victoria?”
Traslado a mi blog cómo la
periodista de “Le Monde” narra los funerales del cura normando degollado por el
DAESH. Me deja el corazón encogido ante tamaña inhumanidad apenas consolado por la humana respuesta de tantos y tantos. Pero, sobre todo, el corazón y la
razón se abren ante la esperanza de que la confraternización de creyentes de diferentes
religiones se abre camino. Las guerras de religión, son ya historia, mal que
les pese a unos fanáticos. ¿Será verdad que la violencia es la partera de la
historia y que la muerte de un inocente, en este caso un simple cura corriente, a decir de todos los que conocieron, permita decir con Pablo de Tarso, “muerte, ¿donde está tu victoria”?
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SÉLECTIONNÉ DANS LA MATINALE DU 02/08/2016Découvrir
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A Rouen, l’adieu au père Hamel, « un pas considérable » dans le
rapprochement entre religions
LE MONDE | 02.08.2016 à 22h46 • Mis à jour le 03.08.2016
à 11h51 | Par Cécile Bouanchaud (envoyée spéciale à Rouen)
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Sous le ciel capricieux du début du mois d’août, alors que les rues de
Rouen sont désertes, une foule aux cheveux grisonnants et à la mine sérieuse
converge vers la majestueuse cathédrale gothique de la cité normande. Une
semaine jour pour jour après la mort du père Jacques Hamel, égorgé par
deux hommes se revendiquant de l’organisation Etat islamique, à
Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), c’est dans ce monument, le plus
prestigieux de la ville, qu’ont été célébrées les obsèques de cet homme décrit par tous comme modeste.
L’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, qui présidait la célébration, a
mis l’accent sur l’importance de la paix et de la tolérance, appelant dans un
discours sans équivoque à la fraternité entre les différentes communautés
religieuses.
« Il a baptisé ma fille »
Dans la foule regroupée sur le parvis de la cathédrale de Rouen, le message
semble être entendu : « Il faut porter ce discours de paix et
d’espérance. Et ce malgré l’attaque dramatique qui a frappé les
catholiques », réagit Josiane, qui était également présente à la messe
de dimanche. Et d’ajouter, alors qu’elle se fait fouiller par deux
policières :
« En cela, la communauté musulmane a posé des gestes forts, j’ai été
surprise par leur dignité et leur respect durant la communion de ce
week-end. »
A quelques dizaines de mètres, Sandrine, le regard dans le vague, les
jambes flageolantes, lutte pour se tenir bien droite devant les fleurs déposées
sur le parvis de la cathédrale. Elle désigne le bouquet de roses blanches
qu’elle a placé au milieu des dizaines d’autres. Sur le sien, un petit chat
noir en bois est collé sur une tige. « C’est un clin d’œil, le
père Hamel avait un chat noir – ça ne lui faisait pas peur – c’est moi qui l’ai
récupéré », raconte cette quinquagénaire, « agnostique », mais
qui connaissait bien Jacques Hamel, en raison de son engagement dans
différentes associations de la région rouennaise.
image: http://s2.lemde.fr/image/2016/08/02/534x0/4977638_6_266b_sous-la-pluie-des-gens-attendent-devant-la_693d964ec8b4b9cd61160aa7b360c3a2.jpg
Sous la pluie, des gens attendent devant la
cathédrale de Rouen, où se déroulent les obsèques du Père Jacques Hamel, mardi
2 août. JOEL SAGET / AFP
Il est 13 heures passées, la cérémonie commence dans une heure, et
cette employée de mairie ne sait pas si elle aura la force d’affronter
l’émotion collective qui l’attend dans la cathédrale. Mais il est déjà trop
tard. Depuis quelques minutes, l’édifice, l’un des plus grands de France, et qui
peut accueillir 1 700 personnes, est complet. Deux paroissiennes de
Saint-Etienne-du-Rouvray se désolent d’avoir fait le déplacement pour rien. « Des
gens qui ne vont jamais à la messe sont entrés par curiosité, et nous, qui
avons fait de la route, on ne peut pas entrer », lâche Gigi, qui
suivra la cérémonie sur l’écran géant, en compagnie de son amie Micheline. « Je
connaissais bien le père Hamel, il a baptisé ma fille, et je le voyais tous les
dimanches à la messe », confie cette dernière, qui, trop émue pour en
dire plus, se contente de rappeler « c’était un homme simple, un
homme bon ».
Les symboles du martyr
14 heures. La cloche sonne une première fois le glas. Derrière
un prêtre portant une imposante croix en bois sans ornements, le cercueil du
père assassiné, soutenu par quatre porteurs, traverse lentement le parvis
devant près d’un millier de personnes s’apprêtant, malgré la pluie, à suivre la
retransmission de l’office.
Une fois à l’intérieur, le cercueil porté devant dans la nef gothique est
posé sur un tapis, à même le sol, entouré de quatre grands cierges blancs.
L’aube du prêtre et son étole rouge – symbole du martyr – ont été posées
dessus. Une photo représente Jacques Hamel en costume-cravate, loin de l’image, plus médiatisée, où on le voit,
pendant l’un de ses offices. « Nous
voici rassemblés comme Jacques Hamel n’aurait pas aimé : dans une église
solennelle, avec des personnalités et une foule, devant des caméras… Nous voici
aussi comme le père Jacques aurait aimé : se mettre ensemble, communier,
en étant attentifs les uns aux autres, sans exclure personne »,
analyse Dominique Lebrun en déclaration liminaire de la cérémonie.
image:
http://s1.lemde.fr/image/2016/08/02/534x0/4977640_6_c350_une-photo-du-pere-jacques-hamel-lors-de-ses_5d3abb4e8af0303362f0dd53ec5daa1e.jpg
Une photo du père Jacques Hamel, lors de ses
obsèques dans la cathédrale de Rouen, mardi 2 août. CHARLY TRIBALLEAU / AP
L’engagement envers les autres
Car effectivement, personne n’a été exclu de cette cérémonie :
plusieurs personnalités de différents cultes ont pris place aux premiers rangs,
comme le président du conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie et
représentant de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray, Mohamed Karabila, ou
encore le rabbin Michaël Bitton. Du côté des personnalités politiques, le
ministre de l’intérieur, chargé des cultes, Bernard Cazeneuve est assis aux
côtés du président du Conseil constitutionnel et ancien élu de la région,
Laurent Fabius, et d’Hervé Morin, le président du conseil régional de
Normandie.
Lire aussi : Après Saint-Etienne-du-Rouvray, les
musulmans appelés à se rendre à la messe dans toute la France
Plus discrète, jusque dans son silence avant les funérailles, la famille de
Jacques Hamel est installée également au premier rang, non loin des religieuses présentes lors de
l’attaque à Saint-Etienne-du-Rouvray et de
M. Coponet, grièvement blessé lors de l’attentat. D’un ton calme, la sœur de
Jacques Hamel, Roselyne, revient sur une anecdote qui a scellé la foi de son
frère alors qu’il était jeune :
« Notre frère, pendant son service militaire en Algérie, a choisi de
servir comme simple soldat. (…) Il me confiait qu’au cours d’une fusillade dans
une oasis, il avait été le seul survivant et il s’était souvent demandé :
pourquoi moi ? Aujourd’hui Jacques, tu as ta réponse : Dieu t’a
choisi pour être au service des autres. »
La voix chevrotante, luttant pour retenir ses larmes, Jessica, l’une des
nièces du père Hamel, tient à souligner cet engagement envers les autres, qui
dépassait largement le cadre de la religion. Pour se donner la force d’avancer
sans « la patience et la gentillesse » de son oncle,
Jessica repense à un message qu’il lui avait inspiré après les attentats de
janvier 2015 :
« Après “Charlie Hebdo”, j’avais posté cette phrase : “Oh mon
Dieu, puissions-nous garder tolérance et discernement.” Je ne pensais pas
devoir m’appliquer cette phrase avec autant de force et de conviction. »
Lire aussi : Hommage au père Hamel à Notre-Dame de
Paris : « J’ai eu vraiment peur d’être submergée par la haine »
« Le chemin sera dur »
Un discours de paix repris à plusieurs reprises, notamment par l’archevêque
de Rouen, lors de son homélie inspirée, dans laquelle il s’adresse d’abord aux
djihadistes : « Vous que la violence diabolique tourmente,
vous que la folie meurtrière démoniaque entraîne à tuer. » Dominique
Lebrun, selon qui ce « mal est un mystère », appelle à « tenir
bon » par la paix, mais convient que « le chemin
sera dur » et qu’il ne s’agit pas « d’excuser les
assassins, ceux qui pactisent avec le diable ». Il estime surtout
que, dans ce chemin vers la paix, « les paroles et les gestes
nombreux de nos amis musulmans, leur visite sont un pas considérable ». Une
homélie qui scelle la volonté affichée par les leaders religieux depuis une
semaine de renforcer la solidarité entre les
confessions.
A 17 heures, alors que sonne une nouvelle fois le glas et que le
cercueil quitte la cathédrale sous les applaudissements, escorté par une
procession de prêtres, la foule hagarde peine à quitter le parvis. Un groupe de
trois amies restera une heure sur la place malgré la fine pluie qui a chassé
les plus téméraires. Deux d’entre elles, une chrétienne et une musulmane, ne
s’étaient pas vues depuis plusieurs mois. « Il aura fallu cet
événement pour que l’on se retrouve », remarque l’une d’elles, qui a
assisté à toutes les cérémonies depuis l’attentat. « C’est
terrible à dire mais peut-être qu’il fallait en arriver là pour réaffirmer avec
force les liens entre les communautés religieuses », ajoute son amie,
persuadée qu’il y aura « un avant et un après l’attaque de
Saint-Etienne-du-Rouvray ».
- Cécile Bouanchaud (envoyée
spéciale à Rouen)
Journaliste au Monde
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/08/02/a-rouen-l-adieu-au-pere-hamel-un-pas-considerable-dans-le-rapprochement-entre-religions_4977641_1653130.html#I7Kj15fwxMLAlrGY.99
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