jueves, 12 de septiembre de 2019

Le pape et l´ombre d´un schisme. (Editorial de Le Monde 13/09/!8)


¿Es pensable un editorial así en la prensa española? 


Le pape et l’ombre d’un schisme
Le Monde 13 septembre
Editorial. L’opposition à François, qui se manifeste jusqu’au sein de la curie, s’est radicalisée, au point de mettre en cause sa légitimité.
Editorial du « Monde ». De retour d’un voyage qui l’avait conduit dans trois pays africains, le pape François a tenu une conférence de presse, mardi 10 septembre, dans l’avion, pour répliquer à ceux qui vont jusqu’à mettre en cause sa légitimité. « Je prie pour qu’il n’y ait pas de schisme, mais je n’ai pas peur », a lancé le pontife argentin. Au regard de la théologie catholique, un schisme se définit comme un « refus de soumission au pape ou de communion avec les membres de l’Eglise qui lui sont soumis ». C’est ce qui s’était produit en 1988 lorsque Mgr Lefebvre avait défié Jean Paul II en consacrant des évêques traditionalistes sans l’aval de Rome, ce qui lui avait valu d’être excommunié.
L’Eglise catholique est-elle au bord d’un nouveau schisme ? Fortement ébranlée par les affaires de pédophilie qui nuisent gravement à son image, elle est secouée par une crise sévère. Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio est l’objet de critiques de plus en plus vives de la part des courants conservateurs, notamment américains. On lui reproche pêle-mêle ses ouvertures – prudentes – sur les questions de la famille, voire de l’homosexualité, ses propos sur la justice sociale, les migrants, le capitalisme et la mondialisation. Pour le pape, toute critique, dès lors qu’elle est « loyale », est acceptable. « Je tire toujours un avantage des critiques, a-t-il expliqué, toujours. Quelquefois cela me fâche, mais on y gagne. » Et il a ironisé sur ceux qui le jugent « trop communiste » « Les choses sociales que je dis, c’est la même chose que ce qu’avait dit Jean Paul II. La même chose ! Je le copie ! »
François n’est pas le premier pape à être critiqué, mais l’opposition à son pontificat, qui se manifeste jusqu’au sein de la curie, s’est radicalisée, au point de mettre en cause sa légitimité ou de le faire passer pour un hérétique. Le livre qui vient de paraître, Comment l’Amérique veut changer le pape (Bayard), par Nicolas Senèze, journaliste à La Croix, a mis en lumière ce qui prend l’allure d’un complot. « C’est un honneur que les Américains m’attaquent », avait réagi le pontife le 4 septembre. Il y a un an, un ancien nonce à Washington avait accusé l’évêque de Rome de complicité avec des pédocriminels et avait demandé sa démission, recueillant le soutien d’une vingtaine d’évêques américains.
Trop iconoclaste, pas assez orthodoxe, ce pape qui n’hésite pas à dénoncer les maux de son Eglise dérange. Face à ses détracteurs, François a choisi de contre-attaquer. « Critiquer sans vouloir entendre la réponse et sans dialogue, a-t-il averti, ce n’est pas vouloir du bien à l’Eglise, c’est poursuivre une idée fixe, changer le pape, ou faire un schisme. » Reprochant à ses adversaires d’instiller de l’idéologie dans la doctrine de l’Eglise, il a ajouté : « Quand la doctrine ruisselle d’idéologie, il y a la possibilité d’un schisme. » En évoquant publiquement, et pour la première fois, une telle hypothèse, il montre qu’il prend le risque au sérieux. Il le dramatise pour mieux le conjurer et désigne ses adversaires comme des dissidents.
En déployant une telle stratégie, le pape affiche sa détermination: il ne se laissera pas intimider. Il va en donner une nouvelle preuve en octobre lors d’un synode des évêques sur l’Amazonie, qui pourrait, pour pallier le manque de prêtres, prévoir d’ordonner des hommes mariés. François est décidé à poursuivre son chemin, fût-il hétérodoxe. L’ombre d’un schisme plane ? Il ne s’en effraie pas.
Le Monde

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