¿Es pensable un editorial así en la prensa española?
Le pape et l’ombre d’un schisme
Le Monde 13 septembre
Editorial.
L’opposition à François, qui se manifeste jusqu’au sein de la curie, s’est
radicalisée, au point de mettre en cause sa légitimité.
Editorial
du « Monde ». De retour
d’un voyage qui l’avait conduit dans trois pays africains, le pape François a
tenu une conférence de presse, mardi 10 septembre, dans l’avion, pour
répliquer à ceux qui vont jusqu’à mettre en cause sa légitimité. « Je
prie pour qu’il n’y ait pas de schisme, mais je n’ai pas peur », a
lancé le pontife argentin. Au regard de la théologie catholique, un schisme se
définit comme un « refus de soumission au pape ou de communion
avec les membres de l’Eglise qui lui sont soumis ». C’est ce qui
s’était produit en 1988 lorsque Mgr Lefebvre avait défié
Jean Paul II en consacrant des évêques traditionalistes sans l’aval de Rome, ce
qui lui avait valu d’être excommunié.
L’Eglise
catholique est-elle au bord d’un nouveau schisme ? Fortement ébranlée par
les affaires de pédophilie qui nuisent gravement à son image, elle est secouée
par une crise sévère. Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio est
l’objet de critiques de plus en plus vives de la part des courants conservateurs,
notamment américains. On lui reproche pêle-mêle ses ouvertures
– prudentes – sur les questions de la famille, voire de
l’homosexualité, ses propos sur la justice sociale, les migrants, le
capitalisme et la mondialisation. Pour le pape, toute critique, dès lors
qu’elle est « loyale », est acceptable. « Je
tire toujours un avantage des critiques, a-t-il expliqué, toujours.
Quelquefois cela me fâche, mais on y gagne. » Et il a ironisé sur
ceux qui le jugent « trop communiste » : « Les
choses sociales que je dis, c’est la même chose que ce qu’avait dit Jean Paul
II. La même chose ! Je le copie ! »
François
n’est pas le premier pape à être critiqué, mais l’opposition à son pontificat,
qui se manifeste jusqu’au sein de la curie, s’est radicalisée, au point de mettre
en cause sa légitimité ou de le faire passer pour un hérétique. Le livre qui
vient de paraître, Comment l’Amérique veut changer le pape (Bayard),
par Nicolas Senèze, journaliste à La Croix, a mis en lumière
ce qui prend l’allure d’un complot. « C’est un honneur que les
Américains m’attaquent », avait réagi le pontife le
4 septembre. Il y a un an, un ancien nonce à Washington avait accusé
l’évêque de Rome de complicité avec des pédocriminels et avait demandé sa
démission, recueillant le soutien d’une vingtaine d’évêques américains.
Trop
iconoclaste, pas assez orthodoxe, ce pape qui n’hésite pas à dénoncer les maux
de son Eglise dérange. Face à ses détracteurs, François a choisi de
contre-attaquer. « Critiquer sans vouloir entendre la réponse et
sans dialogue, a-t-il averti, ce n’est pas vouloir du bien à
l’Eglise, c’est poursuivre une idée fixe, changer le pape, ou faire un
schisme. » Reprochant à ses adversaires d’instiller de
l’idéologie dans la doctrine de l’Eglise, il a ajouté : « Quand
la doctrine ruisselle d’idéologie, il y a la possibilité d’un schisme. » En
évoquant publiquement, et pour la première fois, une telle hypothèse, il montre
qu’il prend le risque au sérieux. Il le dramatise pour mieux le conjurer et
désigne ses adversaires comme des dissidents.
En
déployant une telle stratégie, le pape affiche sa détermination: il ne se
laissera pas intimider. Il va en donner une nouvelle preuve en octobre lors
d’un synode des évêques sur l’Amazonie, qui pourrait, pour pallier le manque de
prêtres, prévoir d’ordonner des hommes mariés. François est décidé à poursuivre
son chemin, fût-il hétérodoxe. L’ombre d’un schisme plane ? Il ne s’en
effraie pas.
Le Monde
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