La crisis en Europa, en cinco artículos de “Le
Monde”
22/08/14
La semana del 15 de
agosto, lejos del mundanal ruido, leí con fruición, y preocupación, algunos
artículos publicados en Le Monde. He hecho un resumen de tres de ellos y
traslado el cuarto y el quinto, más breves, en su integridad.
Tras su lectura (y de
otros que por pereza no transcribo) no despejan en absoluto mis dudas sobre el
futuro de Europa.
¿Y si fuera cierto que
estamos en decadencia con riesgo de desplome total? (JE)
( 1) La zone euro est dans le piège d'un scénario à la japonaise
Bruno Colmant, Membre de l'Académie royale de Belgique (Le Monde 14/08/14) http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20140814/html/1164406.html
« Le piège économique
se referme inexorablement dans la zone euro. Le scénario de la déflation
japonaise était connu. Il était même dénoncé comme le pire danger économique.
Et pourtant, par manque de vision et par obstination politique, la zone euro
s'engage dans cette voie mortifère. »
(….)
« Que devrions-nous
faire ? Il faudrait créer un choc d'inflation, c'est-à-dire déprécier fortement
l'euro par un immense assouplissement quantitatif, c'est-à-dire un
refinancement massif (soit une création monétaire) des dettes publiques des
pays fragilisés. Mais cela ne suffira pas. Il faudra réaliser que le retour à
l'équilibre budgétaire n'est pas la solution alors que l'économie se contracte.
Mieux vaut en effet de grands projets d'infrastructure destinés à moderniser
l'Europe au-delà des Etats-nations. L'Europe n'y est pas préparée. Elle se
prépare à une décennie aride. La monnaie et l'ordre social ne sortiraient pas
indemnes d'une déflation. Ce serait la dernière défaite de l'euro ».
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(2) " Paris doit donner le bon exemple "
Pour Jens Weidmann, président de la banque
centrale allemande, la crise de la zone euro n'est pas terminée (Le Monde
14/08/14)
http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20140814/html/1164453.html
« Une croissance saine
provient de l'innovation et de la compétitivité des entreprises ainsi que de la
productivité des travailleurs. C'est ce vers quoi les pays membres doivent
tendre. Cela prend du temps et requiert une volonté politique ferme. Si
l'Allemagne se porte bien, c'est grâce aux mesures prises au début des années
2000. Les Etats particulièrement frappés par la crise et qui ont entrepris les
réformes structurelles pour y parvenir profitent aujourd'hui du retour de la
croissance. Dans d'autres pays, comme la France et l'Italie, les gouvernements ont reconnu
depuis peu la nécessité d'engager des réformes profondes et commencent juste à
les mettre en application. »
(….)
« Le faible taux
d'inflation actuel est alimenté par trois facteurs : la baisse des prix de
l'énergie et des produits alimentaires, l'appréciation de l'euro jusqu'à il y a
peu et l'ajustement en cours dans certains pays, comme l'Espagne ou la Grèce. Nous ne sommes
pas dans un scénario déflationniste auto-entretenu, avec des stratégies de
report des achats de la part des consommateurs ».
(…..)
L'euro fort pèse-t-il sur la compétitivité des entreprises ?
L'euro s'est apprécié depuis mi-2012 grâce à la confiance retrouvée des investisseurs. En même temps, cette confiance a un effet positif pour les entreprises qui profitent aujourd'hui de taux d'intérêt exceptionnellement bas, leur permettant d'emprunter à bas coût. La tentative d'augmenter la compétitivité de nos économies par un affaiblissement de l'euro ne devrait pas être le fondement de la monnaie unique. Une Europe forte et un euro fort vont de pair.
L'euro s'est apprécié depuis mi-2012 grâce à la confiance retrouvée des investisseurs. En même temps, cette confiance a un effet positif pour les entreprises qui profitent aujourd'hui de taux d'intérêt exceptionnellement bas, leur permettant d'emprunter à bas coût. La tentative d'augmenter la compétitivité de nos économies par un affaiblissement de l'euro ne devrait pas être le fondement de la monnaie unique. Une Europe forte et un euro fort vont de pair.
Nous n'avons pas demandé une hausse des salaires et notre position sur le sujet n'a pas changé. Face à une situation de chômage structurel élevé, l'Allemagne a connu une longue période de modération salariale dans les années 2000. Aujourd'hui, la donne est différente. Nos capacités de production tournent quasiment à plein régime, le taux de chômage est au plus bas. Nous avons dit que, dans une telle situation, et c'est bien ce qui se passe, il est normal que les salaires augmentent plus vite que par le passé et plus que dans les pays de la zone euro où l'économie est plus faible.
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(3) La locomotive allemande subit un sérieux coup de frein
Marie Charrel. Le Monde 15/08/14 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20140815/html/1164499.html
" En vérité, le principal
risque de cette crise est qu'elle érode le moral des entrepreneurs, et que
ceux-ci réduisent leurs investissements ", analyse Christian Schulz, à la
banque Berenberg.
…. le modèle allemand
lui-même semble se fragiliser. " La crise russe est un bouc émissaire
facile ", estime Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque,
rappelant que les défis que Berlin doit relever à moyen et long termes pour
maintenir le niveau de sa croissance potentielle sont nombreux.
A commencer par le déclin
démographique, qui explique, en partie, la baisse du chômage. "
L'immigration ne suffira pas à compenser la chute des naissances, et cela
finira par handicaper l'activité ", résume Thibaut Prébay, chez
Quilvest Gestion.
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(4) " La zone euro ne s'est pas encore remise du choc de la crise
financière et des dettes souveraines "
Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis
Asset Management
http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20140815/html/1164507.html
Pourquoi la reprise s'essouffle-t-elle déjà sur le Vieux Continent ? Pour
Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM, les raisons sont à chercher
du côté de l'effondrement de la demande, notamment des ménages, qui n'a
toujours pas retrouvé son niveau d'avant-crise.
Pourquoi la croissance de la zone euro a-t-elle faibli au deuxième trimestre ?
Pourquoi la croissance de la zone euro a-t-elle faibli au deuxième trimestre ?
Y L'union monétaire a subi
un double choc dont elle ne s'est pas encore remise. En 2008, avec la crise
financière, puis en 2011, avec celle des dettes souveraines, la demande privée
a été très affectée. L'ampleur cumulée de ces secousses fut telle que les
stabilisateurs habituels n'ont pas fonctionné de façon efficace.
L'économie de la zone euro
est sortie de sa zone d'équilibre et elle peine à y revenir.
La demande privée (la
consommation des ménages, les investissements des entreprises), qui est le cœur
de la croissance, était encore, à la fin du premier trimestre, très nettement
en dessous de son niveau d'avant-crise.
Cela veut dire que la
demande adressée aux entreprises est réduite par rapport à ce qui était observé
par le passé. Pour preuve : la production industrielle de la zone euro et de
chacun de ses quatre grands pays, y compris de l'Allemagne, est en dessous du
niveau d'avant-crise.
Lorsqu'on veut réduire
rapidement les dépenses publiques et satisfaire des objectifs budgétaires
stricts, le risque est d'accentuer ce manque de demande.
L'Allemagne est-elle encore le moteur de l'union monétaire ?
Son économie apparaît comme la plus stable. Mais son rôle de locomotive est limité car sa croissance moyenne n'est finalement pas spectaculaire.
Son économie apparaît comme la plus stable. Mais son rôle de locomotive est limité car sa croissance moyenne n'est finalement pas spectaculaire.
Une rechute en récession – voire en crise – est-elle exclue ?
Si une nouvelle crise se profile, elle viendra d'une croissance insuffisante pour faciliter la reprise de l'emploi et le financement du modèle social. Cela pourrait par ailleurs avoir des conséquences politiques plus marquées, et c'est préoccupant.
Pourquoi la reprise est-elle plus vigoureuse au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ?
Ces économies sont plus flexibles et ont une capacité plus grande à s'adapter aux chocs.
Si une nouvelle crise se profile, elle viendra d'une croissance insuffisante pour faciliter la reprise de l'emploi et le financement du modèle social. Cela pourrait par ailleurs avoir des conséquences politiques plus marquées, et c'est préoccupant.
Pourquoi la reprise est-elle plus vigoureuse au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ?
Ces économies sont plus flexibles et ont une capacité plus grande à s'adapter aux chocs.
Cela se voit sur le très
flexible marché du travail britannique, avec, par exemple, la création des "
contrats à zéro heure ", qui n'obligent pas l'employeur à fixer un temps
de travail minimal. Ou encore avec la capacité qu'ont les ménages américains à
se désendetter en abandonnant leur maison à leur banque.
La demande interne,
notamment aux Etats-Unis, a réagi fortement et est aujourd'hui supérieure à son
niveau d'avant-crise. Au Royaume-Uni, le rebond de l'endettement a permis à la
demande des ménages de retrouver une allure plus robuste.
Mais cela ne veut pas dire
que les pays de la zone euro doivent adopter des solutions similaires.
Justement, quelles sont
les pistes pour relancer la croissance en zone euro ?
C'est la question des
réformes structurelles. Parce que l'environnement de la zone euro a changé,
parce qu'elle ne reviendra pas au modèle qui était le sien avant la crise, il
faut développer un nouveau modèle de régulation et de fonctionnement.
La difficulté est que l'on
ne voit pas clairement la trajectoire à suivre, car ce modèle n'est pas
franchement défini. Quels sont les innovations et les secteurs qui porteront la
croissance de demain ? Quelles réformes mettre en œuvre pour favoriser leur
émergence ? C'est là aussi que l'on constate que l'on est à un moment
particulier de l'Histoire.
Elle a déjà fait beaucoup. Avec les mesures prises en juin,
(5) Croissance :
le grand malentendu franco-allemand
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Marie
Charrel
Ces
temps-ci, lorsque la France
et l'Allemagne parlent croissance, la discussion tourne souvent au dialogue de
sourd. Vendredi 8 août, Berlin posait ainsi une fin de non-recevoir – pour
ne pas dire un camouflet – à François Hollande sur le sujet.
Dans Le
Monde du 5 août, le président français avait en effet réclamé à la
chancelière Angela Merkel « un soutien plus ferme à la
croissance » européenne… Une exigence jugée déplacée par l'Allemagne,
qui ne veut plus en entendre parler.
« Cela
illustre bien le malentendu entre nos deux pays, qui affichent des conceptions
économiques différentes en la matière », commente Christian Schulz, économiste à la
banque allemande Berenberg. « Ce n'est pas nouveau, cela fait
cinquante ans que ces divergences existent : elles se sont tout de même
amoindries au fil des ans », précise Henrik Uterwedde, directeur
adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg.
PROBLÈME D'OFFRE SELON LES ALLEMANDS...
En
Allemagne, la majorité des économistes estime que l'origine de la récession
dans la zone euro est un problème d'offre. C'est-à-dire, pour l'essentiel, un
manque de compétitivité des entreprises.
Les
gouvernements doivent donc mettre en oeuvre les réformes structurelles
susceptibles de regonfler cette compétitivité, mais aussi de muscler
l'innovation et la productivité des travailleurs : assouplissement du marché du
travail, baisse de la fiscalité des PME, simplification des démarches
administratives…
... OU DE DEMANDE SELON LES FRANÇAIS
Le
gouvernement français, lui, est plutôt adepte du courant keynésien, voulant que
l'origine de la crise soit aussi un problème de demande. Dans ce cas, c'est à
l'Etat ou à l'Union européenne d'agir, notamment à travers la dépense publique,
pour relancer la consommation et donc, l'activité.
Est-ce à
dire que les points de vue français et allemand sont irréconciliables ?
Non, bien sûr. « En vérité, la croissance européenne a besoin des deux
: une politique de l'offre et une politique de la demande », estime
Marcel Fratzscher, président de l'institut économique DIW, à Berlin.
Le
gouvernement Valls a d'ailleurs entamé des réformes avec, entre autres, le
pacte de responsabilité, tandis que, de son côté, l'Allemagne a prévu
d'augmenter ses investissements dans l'éducation et les infrastructures, tout
en adoptant un salaire minimum. De quoi dynamiser un peu la demande intérieure,
chère au keynésianisme… Alors, qu'est-ce qui bloque ?
TROUVER UN COMPROMIS
«
C'est peut-être plutôt un problème de confiance », estime Gilles Moec, chef économiste Europe chez
Deutsche Bank. Il est vrai que la presse allemande n'a pas de mots assez durs
envers Paris. Nombre d'éditorialistes estiment ainsi que c'est parce qu'il est
incapable de régler les problèmes de son pays que M. Hollande vient
aujourd'hui quémander le soutien de Berlin.
«
Beaucoup redoutent aussi que si Bruxelles accorde à la France un nouveau délai
pour redresser ses finances publiques, celle-ci n'en profite pour retarder
encore l'entrée en vigueur des réformes structurelles, comme elle l'a souvent
fait par le passé »,
analyse M. Schulz.
En
somme, si Paris attend plus de souplesse de Berlin, Berlin espère un engagement
plus ferme de Paris sur le sérieux des réformes promises. « Les deux
pays pourraient trouver un compromis en soutenant la demande non pas par la
dépense publique, mais par l'investissement privé, grâce à par exemple des
incitations fiscales », veut espérer M. Fratzscher.
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