Une semaine de vacances, de Christine
Me hice con el libro “Une semaine de vacances” de Christine Angot (Ed. Flammarion, 2012) por las llamativas, y positivas, críticas que leí, primero en « Le Monde del livres » y después en otros medios franceses (Telerama, de orientación cristiana) y Liberation. Criticas que transcribo aquí abajo.Pero no sin pena lo he terminado. El libro que tiene 137 páginas en letra y formato generosos. El tema es el incesto, prolijamente redactado, en un francés, exquisito como un bisturí, durante la mayor parte del texto, entre “el”, el padre y “ella”, su hija. Más de cien paginas con detalles, “ad nauseam”, insisto que en exquisito francés, de todo tipo de relaciones sexuales entre el padre y su hija, excepto la desfloración.
Creo que no vale la pena leer el libro. Mi única pregunta, y es por lo que lo traigo a mi blog, abriendo una etiqueta de comentario de libros, es qué pasa en Francia, en la sociedad francesa y entre los comentaristas literarios, para que un libro como este, con la cantidad de libros que se editan en Francia, ocupe tantas paginas en medios que, considero, dignos de tener en cuenta. Francamente. No lo entiendo. No hacen falta cien paginas de sexo explicito para mostrar la aberración del poder masculino, en forma de incesto. Si leen francés echen un vistazo a como lo presenta la crítica francesa.
Une semaine de
vacances de Christine Angot
Tout est pareil. Rien n'est pareil. A travers une histoire d'amour sulfureuse, Christine Angot contait déjà, en 1999, cet inceste d'où elle vient, dans le livre (1) qui la rendit scandaleuse et glorieuse. Comme on le dirait d'un peintre, comme Cézanne pour la montagne Sainte-Victoire, elle reprend aujourd'hui dans Une semaine de vacances le même motif — toujours insoutenable — mais en gros plan cette fois, radicalement, brutalement. Si, à la relecture de L'Inceste, nombre de points communs se révèlent entre les deux œuvres — des obsessions linguistiques du père à la montre en argent qu'il offre à sa fille, de la photo qu'il lui donne de ses demi-frère et sœur à l'évocation perverse qu'il lui fait de ses amantes —, cette semaine de vacances toute sexuelle, et terrible, que met en scène la romancière n'a rien à voir avec les aveux hystériques qui lançaient dans l'Hexagone à la fin des années 1990 une mode de l'autofiction, jusqu'alors moins crue.
Du « je » initial, Christine Angot est passée au « elle », plus distant, plus apaisé. Elle semble s'être libérée de cette histoire qu'elle écrit désormais avec une précision calme, qui fait plus d'une fois chavirer le lecteur entre rejet et fascination pour ce récit se jouant du plus choquant avec liberté et fulgurance. Angot assume les tabous : sa jeune héroïne aime l'adulte qui la force sans relâche à des jeux qu'elle voudrait refuser. Si trop de scènes ne rappelaient L'Inceste, on pourrait d'ailleurs se demander si cet homme-là est réellement son père, qui a tant besoin, comme pour réaliser un fantasme, de se faire appeler « papa »... Peu importe. Seule compte la délivrance — douloureuse — à laquelle parvient peu à peu la « maîtresse-fille ».
Elle a osé raconter à son père un rêve qu'il n'a pas supporté (dans L'Inceste, il y figurait un monstre) ; du coup il l'abandonne à la gare. Et enfin elle parle. A son sac de voyage seulement, mais elle parle. Alors que tout au long du récit n'étaient perceptibles que son écoute inquiète, son silence obéissant, tragique et oppressant. Aux détracteurs (qui ne manqueront pas) de cette sidérante Semaine de vacances, on objectera par avance que ce livre noir, insupportable, n'est pas un « truc », un « auto-remake » littéraire racoleur. Sans complaisance, la romancière dit juste comment par la parole, la langue — l'écriture ? — on vient à bout du pire. Renversant.
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Implacable.
"Une semaine de vacances" de Christine Angot
LE MONDE DES LIVRES | 31.08.2012 à 12h07
Par Philippe
Forest, écrivain
A juste titre, on dit souvent d'un vrai roman qu'il est irrésumable, car en rendre compte sous une forme autre que celle que son auteur a choisie revient précisément à défaire ce que celui-ci a voulu faire. C'est particulièrement le cas avec le nouveau livre de Christine Angot. Il faudrait laisser le lecteur faire par lui-même l'épreuve effarée de ce récit, totalement impréparé, ignorant de ce qui l'attend, dévalant la pente qu'il ne pressent pas et qui le conduit du simple sentiment de malaise - voire d'excitation malsaine - que suscite en lui la scène plutôt salace par laquelle s'ouvre le roman jusqu'à l'impression d'effroi s'emparant enfin de lui lorsqu'il réalise, à toutes sortes de détails et d'indices dispersés, la vraie nature de la chose qu'il avait sous les yeux depuis le début et dont, sans pouvoir le comprendre ou sans vouloir le reconnaître, il est devenu dès lors, malgré lui, le spectateur complice et consterné.
Disons simplement qu'Une semaine de vacances réécrit L'Inceste
(Stock, 1999), le plus célèbre des romans de Christine
Angot. Mais là où ce dernier réservait à ses toutes dernières pages la
révélation de l'expérience qui lui donnait son titre, faisant de cet "aveu" longuement différé
le dénouement et en somme l'explication de tout le récit qui avait précédé, Une
semaine de vacances d'emblée nous installe dans une sorte de huis clos
tout à fait limpide et parfaitement dément, là où se déroule au présent un pur
exercice de cruauté dont la description nue, remplissant tout le temps du
livre, se suffit amplement à elle-même.
Quel sens, sinon afin de se protéger de la vérité qu'elle exprime, y aurait-il à reprocher à Christine Angot de reprendre là où elle l'avait laissé le récit de sa vie ? Ce qui un jour a mérité d'être écrit exige sans cesse de l'être à nouveau. Nul n'est jamais quitte de l'expérience la plus vraie de sa vie. Et pour un romancier, cela implique de revenir encore et encore vers le lieu, le moment d'où il vient et dont procède ce vertige que chacune de ses phrases convoque et conjure à la fois.
PROIE PHYSIQUE ET PSYCHIQUE
C'est la même histoire et c'est un autre livre. Au point que l'un des romans est comme l'envers de l'autre, le second retournant le premier comme un gant afin de mieux faire voir la matière même dont celui-ci était fait : entre un homme et une femme (et l'on comprend donc que la seconde est la fille du premier), au cours de cette semaine de vacances qui donne son titre à l'ouvrage, une seule longue scène quasi ininterrompue de sexe, oppressante moins par la crudité des actes (fellation, sodomie) qui sont accomplis et décrits dans des détails qui ruinent toute possibilité d'idéalisation romantique que par la révélation très brutale du rapport de force, à l'oeuvre partout mais porté ici à son paroxysme pervers, qui commande au commerce érotique et fait de l'un la proie physique et psychique de l'autre, l'obligeant même à consentir au sort dévastateur qui lui est fait.
C'est un autre livre si c'est la même histoire. On en retrouve tous les éléments mais, par un déplacement du point de vue, ils apparaissent sous un jour complètement neuf, démontrant du même coup que la réalité, en littérature, doit tout au parti pris qu'on emprunte pour la dire. A la première personne (le "je") dont le monologue emporté retentissait dans L'Inceste, Une semaine de vacances substitue la troisième (le "il", le "elle") donnant à voir de l'extérieur les deux protagonistes du récit, leurs gestes, leurs paroles, s'abstenant de toute incursion dans leur conscience comme de tout commentaire sur leur conduite, permettant que se dégage d'elle-même l'imparable et implacable moralité du propos. Et, par cet apparent mouvement de retrait, par ce pas fait en arrière, devenue la spectatrice du drame de sa vie, considérant l'épreuve qu'elle a vécue comme si une autre était en train de la traverser interminablement, l'auteur exprime cette sensation de s'absenter de soi-même, anéantie, arrachée au monde sensé, vouée à ce vide en soi, soudain et cependant durable qui, le titre du roman le dit, est sans doute le vrai sujet d'Une semaine de vacances.
Un grand écrivain (il s'agit de Louis Aragon) l'affirme : le roman, c'est la clé des chambres interdites de nos maisons. On entrouvre la porte qui donne sur ce qui ne devrait être vu à aucun prix et par l'embrasure de laquelle on discerne un spectacle à la fascination duquel on ne sait trop s'il faut se soustraire ou se soumettre. Davantage qu'aucun de ses précédents livres, le roman de Christine Angot constitue un pareil piège tendu à notre regard captif. Selon un dispositif très savant dans sa simplicité même, - et c'est en cela qu'il constitue aussi une exemplaire leçon de littérature -, il interroge chaque lecteur sur le désir, nécessairement coupable, qui le porte vers les livres : la vérité qu'il cherche en eux, celle qu'il est capable - ou pas - d'accepter de ceux-ci.
On aura compris de quelle forme d'expérimentation grave et radicale procède le nouveau livre de Christine Angot et à quelle épreuve inquiète il oblige son lecteur, le confrontant d'un coup au grand non-sens très violent de la vie sans aucun des artifices ni aucune des facilités dont le roman fait d'ordinaire usage et puis l'abandonnant, comme son héroïne, enfant perdu, au milieu de nulle part, tout à fait esseulé dans un monde désolé. C'est là que commence la vie. Et la littérature aussi.
Une semaine de vacances, de Christine Angot, Flammarion, 138 p., 14 € (en librairie le 5 septembre)
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«Une semaine» à titre de revanche
Liberation 3 septembre 2012 à 19:17
Critique
Christine Angot raconte la
Toussaint 1975 et une relation incestueuse.
Par CLAIRE DEVARRIEUX
La première page d’Une semaine de vacances met en scène un homme
et une femme, sans plus d’informations. «Il est assis sur la lunette en
bois blanc des toilettes, la porte est restée entrouverte, il bande.» Elle
sort de la salle de bains, elle se dirige vers la chambre, il l’appelle. Il a
posé une tranche de jambon sur son sexe. Il lui propose d’en manger. Elle
s’agenouille.
Dès qu’on tourne la page, le flottement cesse. Il ne s’agit pas d’un jeu
érotique. Ou alors, c’est un jeu seulement du point de vue de l’homme. La
domination qu’il exerce est soudain évidente, et le restera. Christine Angot la
fait ressentir par l’usage répété des verbes : «il demande», «il
dit». «Il lui demande de faire un effort, de ne surtout pas mettre les
dents, que les femmes croient toujours que c’est excitant d’être mordillé, que
ça ne l’est pas.» Il lui dit de le regarder. «Il lui demande si elle
peut passer sa main à l’intérieur de la cuvette, sans se faire mal au poignet,
et saisir par en dessous ses testicules, qui pendent dans le vide, par-dessus
l’eau dans laquelle il a uriné avant de l’appeler pour lui dire de pousser la
porte.» Il lui dit d’enlever son tee-shirt. Elle obtempère, s’applique à
sa tâche, ne montre pas qu’elle étouffe, suce du mieux qu’elle peut, de la
manière qu’il souhaite.
Royaume. Une légère disqualification renforce l’effet de
domination : «Parfois, il lui reproche d’avoir la bouche un peu trop
petite. Il ne le lui reproche pas. Mais il s’étonne, il regrette.» Juste
avant, il lui a demandé d’aller chercher des clémentines. Les clémentines - «lui
manger des clémentines sur la queue», lisait-on dans l’Inceste -,
c’est une des choses que tout le monde a retenu du roman paru en 1999, avec
lequel Christine Angot est devenue célèbre. Ce n’était pas le texte où elle
parlait de son père pour la première fois, mais c’était celui par lequel elle
commençait à triompher de l’inceste. Une semaine de vacances va plus
loin, revanche éclatante sur l’oppression, démonstration définitive de
puissance littéraire. Elle triomphe sur le terrain que son père avait choisi
comme royaume personnel : le langage.
S’agit-il ici vraiment d’un père et de sa fille ? Oui, car il est écrit
qu’ils ont les mêmes mains, les mêmes pieds. Elle a les yeux de sa mère à lui.
Et puis, à plusieurs reprises : «Il écarte les doigts à l’intérieur de son
vagin, les referme, réaccélère. "Dis-moi "c’est bon"." Il
accélère. "Dis "c’est bon papa"."» Quel âge a la jeune
protagoniste ? Ce n’est pas dit. L’extraordinaire précision descriptive des
scènes de fellation, des positions sexuelles, renforcée par les injonctions,
les prières ou les ordres de l’homme, renseigne sur la vérité de ce qui se
passe entre eux, et non sur leur histoire. Tout ce qui concerne les
circonstances extérieures de cette relation est repoussé dans les marges.
«Cuir». Eviter l’anecdote n’est pas fuir les détails. L’homme
achète chaque jour le Monde, et le lit pendant les repas. Le ferait-il
en présence d’une compagne adulte ? Le journal annonce la mort de Franco et le
Goncourt à Ajar. On est donc en 1975. Ce sont les vacances de la Toussaint. Christine
Angot a 16 ans cette année-là. Dans l’Inceste, elle écrit : «Je
l’ai rencontré à 14 ans, de 14 à 16 ans, ça avait lieu.» L’indication la
plus sûre que l’auteur veut suggérer l’adolescence est fournie par l’ennui qui
terrasse parfois son personnage. Et par les livres : la petite a apporté le
volume de «la
Bibliothèque verte» offert pour son anniversaire, les Six
Compagnons. L’expression la plus juste pour la désigner se trouve dans Interview
(roman sorti en 1995), où sont évoqués les épisodes racontés différemment
dans l’Inceste et dans Une semaine de vacances. Angot écrit
que les témoins, à son sujet, auraient pu parler d’«une petite jeune fille».
L’homme porte un long manteau de cachemire. Son sac de voyage a une poignée
en «cuir naturel», alors que son sac à elle est en «simili cuir».
Elle aime la grosse voiture et l’allume-cigare. Elle aime, comme lui, aller au
restaurant. Il a tout à lui enseigner, la politesse, le nom des arbres et des
oiseaux, la prononciation du «w» en français. Il lui apprend à éviter les mots
vulgaires. La domination n’est pas seulement masculine, sexuelle. Elle est
sociale, absolue. La petite jeune fille n’a pas une chance de s’en sortir. Elle
l’aime, l’admire, recherche son approbation. Elle lui demande «comme preuve
d’amour qu’il n’y ait pas de gestes physiques de toute la journée». Elle
cède toujours car il menace d’écourter la semaine. Il la sodomise, elle ne veut
pas, elle pleure, elle crie. De son côté à elle, aucun mot, absolument aucun,
ne concerne le plaisir.
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