La persecución de los cristianos
en Irak
24/0714
Abre “Le Monde” su edición de hoy, a cuatro columnas,
informando de la persecución de los cristianos en Irak. “Le Monde” no es un
periódico religioso. Tampoco de derechas. Pero procura ser honesto y valora la
información. También la religiosa. ¿Veremos algún día algo similar en “El País”
madrileño?
P.D. Al día siguiente "Le Monde" publica un editorial sobre el tema que reproduzco aquí abajo, bajo el título de "Trágico éxodo de cristianos del mundo árabe" (en francés, obviamente).
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La persécution des chrétiens d'Irak
Erbil (Kurdistan) Envoyé spécial. « Le Monde »
24/07/14
Depuis la conquête de Mossoul par les islamistes,
les chrétiens ont le choix entre la conversion et l'exil L'étau djihadiste se
resserre autour de Bagdad. L'armée irakienne n'a pas réussi sa contre-offensive
Ils ont tout perdu, sauf
la vie. Dans cet Irak transformé en enfer sur terre depuis onze ans, les
chrétiens de Mossoul sont vivants, presque soulagés d'être condamnés à
l'errance et à l'exil. A l'église syriaque orthodoxe Oum Nour (" Mère de
lumière ") d'Erbil, dix-huit familles s'entassent dans le sous-sol,
aménagé en camp de réfugiés.
Tous racontent, à propos
de l'Etat islamique, qui a proclamé un " califat " sur les
territoires conquis en Irak et en Syrie, la même histoire. Ce n'est pas du
chaos. C'est le récit d'une organisation froide et implacable.
" Pendant trois
semaines, les hommes de Da'ech - le nom arabe de l'Etat islamique - ne se sont pas
préoccupés de nous. Ils ne s'attaquaient qu'aux soldats, policiers et
fonctionnaires chiites. Nous vivions discrètement ", raconte un
homme.
" Nous n'avions pas
de liberté, mais ça allait. Nous, les femmes, portions des robes longues et
des hijabs pour passer inaperçues ", poursuit son épouse. "
Certains disaient que nous étions protégés, témoigne Reham, une mère de
famille. Ils paraissaient presque pacifiques. "
Avant de tomber entre les
mains des djihadistes, Mossoul abritait entre 5 000 et 25 000 chrétiens. Beaucoup
s'enfuient dès sa conquête par l'Etat islamique, le 10 juin. La route vers le
Kurdistan reste étonnamment ouverte, malgré des combats sporadiques entre
djihadistes et peshmergas kurdes. Même le bus Mossoul-Erbil reste en service.
La situation change le 16
juillet. Le soir, les djihadistes rendent visite à chaque famille chrétienne.
" Ils ont dessiné un “N” dans un cercle, à la peinture rouge, sur
chaque maison ", témoignent les réfugiés. " N " pour "
nassarah ", nom utilisé pour désigner les chrétiens dans le Coran. "
Ils ont demandé les numéros de téléphone de chaque famille et dit qu'il ne
fallait pas hésiter à les appeler en cas de problème, raconte un vieil
homme. J'ai cru qu'ils allaient nous protéger. "
Le clergé sait, de son
côté, à quoi s'en tenir. L'évêché de Mossoul refuse une convocation à une
réunion avec l'Etat islamique, ne voulant pas collaborer à un transfert forcé
de population. " Nous avons su - le 16 juillet - que les chrétiens
allaient être expulsés, confirme l'évêque d'Erbil, Mgr Bachar Warda. Il
n'y a eu aucune négociation. De toute façon, ces gens de Da'esh ne négocient
pas. Ils donnent des ordres et vous devez obéir. "
Vol systématique
La nuit suivante, les
combattants repassent devant chaque maison. A leur réveil, les chrétiens
découvrent, à côté du " N " rouge, l'inscription "
Propriété de l'Etat islamique " peinte en noir.
C'est juste après la
prière de l'aube du vendredi que l'annonce est transmise à la population, par
des tracts et par les haut-parleurs des mosquées. Les chrétiens ont jusqu'au
samedi 19 juillet à midi pour choisir entre se convertir à l'islam, payer un
impôt spécial pour non-musulmans, ou partir. L'ultime option, en cas de
désobéissance, étant de périr " par le glaive ".
" Nous avons entassé
nos affaires dans les voitures, raconte Reham. Je suis partie avec mon mari et nos
deux fils. Contrairement à d'autres qui sont passés au checkpoint plus tard,
ils n'ont pas pris notre voiture, mais ils ont pris l'argent, les bagages. Ils
ont même pris le biberon de mon fils cadet. "
Le vol est systématique.
Les combattants ont des ordres. Absolument rien, à part les vêtements qu'ils
portent, n'est laissé aux exilés. " Ils ont pris l'argent, les
bijoux, les téléphones, et même les sacs de vêtements et de nourriture
", raconte un homme. Le seul objet qui semble échapper à une logique
est la voiture, parfois volée, parfois pas. Des familles ont marché un
kilomètre pour atteindre le checkpoint des forces kurdes.
" Nous sommes partis
parmi les derniers, à bord d'un minibus, témoigne Samir. Nous étions
douze chrétiens, et dix musulmans. Au checkpoint, un combattant a ordonné aux
chrétiens de lui donner, argent, téléphones et sacs. Les musulmans aussi
avaient peur. Le type qui est entré dans le bus nous a dit que nous devrions
être contents qu'ils nous laissent partir comme ça… "
Les chrétiens de Mossoul
affirment qu'ils n'ont aucun espoir de rentrer chez eux. Les autorités kurdes
les aident à s'installer à Antawa, le quartier chrétien d'Erbil, et dans les
villages chrétiens de la région. Beaucoup songent à l'exil à l'étranger, à
l'instar de 400 000 chrétiens déjà partis d'Irak depuis dix ans.
" Pourtant, nous
vivions bien ensemble, chrétiens et musulmans ", raconte un homme qui se
choisit le pseudonyme d'" El-Mosoli ", " l'homme de Mossoul
". " Retourner un jour à Mossoul ? " Il lève les yeux
au ciel… La question paraît tellement incongrue, à l'heure du califat.
Pourtant, le fait que chacun exige l'anonymat est peut-être le signe que
l'espoir d'un retour n'est pas mort. " El Mosoli ", qui s'apprête à
sortir de l'église, se retourne et murmure : " Quel homme n'a pas
envie de retrouver un jour sa terre et d'y vivre ? "
Rémy Ourdan
© Le Monde
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